31 mai 2009

Escargot en clip

Il n'y a rien que du bruit, un magma de bruit qui somatise l'accélération du monde, ce monde qui court partout, qui veut tout, qui écrase tout.

Du bruit plein de la rage des machines et de ceux qui y sont enchainés, le bruit des gonds de l'enfer.

iuiuiiu

Un bruit sans queue ni tête qui n'a aucun sens, qui ne ressemble à rien, même pas au cri d'une bête féroce qui a faim, même pas au râle d'humain qui a peur et appelle à l'aide, ni même à un conglomérat d' usines lâchant sur le bitume, grâce au plan de sauvetage de l'économie capitaliste, des flots de camions, de frigos, de portables, de quads et de manèges forains.

Non, seulement un bruit moche et tordu, tonitruant, assourdissant, comme une boule de malheur poignardée de gigantesques dards, une tumeur inextricable, un goitre puant en pleine déflagration,  une centrifugeuse explosant des succubes monstrueux, un cauchemar vociférant, qui vous colle au mur avant de vous faire détaler...fou de douleur...

Voilà comment ça commence, juste avant qu'on voit une lumière blanche et diaphane, comme celle qui sera là pour nous accueillir après notre mort, la lumière irréelle qui brille au delà du tunnel, qui vous envoie dans un autre monde, le marche pied du paradis où le bruit n'existe plus, seulement la petite musique de l'âme.

Et tout à coup, le bruit s'arrête.

Tout à coup le silence.

Plus rien.

Médusés, on regarde le vide,

le blanc bizarre tout nu qui succède au vacarme,

on se dit, un peu ahuri,

ceux qui ont fait ça, ils se foutent de notre poire,

mais on est tellement content du silence qu'on reste là,

les yeux plantés dans le blanc de l'écran,

on respire mieux, et là,

au bout d'un moment,

sur la gauche,

on voit apparaître un point noir,

puis un autre,

deux points qui bougent tout doucement,

deux points qui avancent,

lentement,

on voit qu'ils sont attachés à un trait,

à deux traits....

Ha!Ce rythme là, ce tâtonnement, cette timidité,

ça me rappelle quelque chose!

Ah voilà! Ce sont des antennes!

Qui tâtent la blancheur de l'espace...

et arrive derrière une  petite tête molle bien connue!

Ah! Ca y est, ce sont des antennes d'escargot!hb____v

Et là, médusés, on regarde un petit escargot traverser

lentement, lentement, l'écran de télé

devant des millions de téléspectateurs désabusés....

Parce que même si on ne lui a donné qu'une minute dix

pour rappeler qu'on peut  signifier quelque chose

sans hurler et sans mentir,

  alors qu'on en a donné plus de vingt aux gros lièvres,

à qui appartiennent tous les champs,

2769

pour s'agiter dans tous les sens,

he bien, le petit escargot,

dans ce laps de temps ridicule,

il va crever l'écran sans un cri.

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On va voir seulement des mots affichés sous sa marche,

comme une rumination intérieure silencieuse,

un soliloque en interrogation,

comme si l'on voyait au dedans du petit escargot

le déroulement de sa pensée,

l'ouverture muette de la spirale qu'il porte sur son dos...

Des mots ouvrant d'autres cadences, d'autres valeurs,

des mots qui questionnent le bon sens,

qui proposent de déplier prudemment

nos rétractations sécuritaires,

des mots presque naïfs, innocents...

Ils arrivent, flegmatiques, sans assénation,

du coup, on sait qu'ils sont justes parce que

personne ne peut douter de la sérénité qu'il faut

pour se présenter tout entier comme on est,

si petit, si modeste, si fragile, si confiant, si frugal,

et sans commentaires.

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Petit escargot sans visage qui ose prendre le temps

de réfléchir pour traverser l'existence,

pendant que tous les autres martèlent nos cerveaux,

derrière eux plus rien ne pensera.

Petit escargot qui a besoin de l'herbe grasse sous lui,

de l'eau du ciel et des gouttes de rosée,

quand les autres gavés ne veulent que

du goudron, du  bitume et de l'acier ….

Petit escargot qui porte sa maison sur son dos,

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qui ne régresse qu'en lui-même sans jamais claquer une porte,

bonsoir

en concrétions minérales, sans emmerder la planète,

même pas besoin de revenir à la niche ni à la laisse.

Petit escargot qui ne sait pas tout, qui ne voit pas tout,

qui n'explique pas tout, mais qui porte au devant de lui

des petites antennes pour sentir les dangers,

là ou il ne faut pas aller,

là ou il ne faut pas se planter,

d'où il faut se détourner.

Ah! Comme je l'envie le petit escargot aventureux

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qui suppute chaque herbe folle sans se soucier des godillots criminels!

Comme j'ai besoin de sa sagesse

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moi qui dithyrambise sur le petit escargot,

solaire

lui qui est bien plus simple que moi

 hyb qui en rajoute tellement avec mes mots,

lui qui s'en fout, qui avance son petit bonhomme de chemin

en silence, sans se la ramener.....

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S'il attend quelque chose, c'est seulement la pluie,

de l'eau toujours de l'eau,

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qui tombe doucement pour huiler ses rouages,

cette eau miraculeuse qui a donné la vie sur terre,

que les humains font payer de plus en plus cher à leurs semblables.

Et je pérore sur le silence,

je m'enivre toute seule sur un symbole de sobriété,

et je pense à ma copine qui a passé l'été dernier

à traquer les gastéropodes entre ses salades trouées

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et qui, pas rancunière, ne rechigne pas à en placarder partout

sur les murs du canton juste avant les élections.

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Allez, je ferais mieux de courir vers mon zafu, m'assoir et ne plus bouger, laisser toute l'agitation des mots retomber, comme chutent les impuretés de la surface du seau puisé au torrent ....D'ailleurs, c'est là que je me sens le mieux....

Allez! Je vais apprends la voie du gastéropode

labyrinthe

en suivant le petit escargot qui traverse

le marchepied de mon porche,

leçons de lenteur, de simplicité, d'humilité,

de  placidité, de tempérance....

Allez! Je me tais, je vous laisse regarder le clip du petit escargot,

que mes amis décroissants ont concocté pour vous,

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en un tour de main pour trois fois rien........

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Tant qu'on verra des escargots décroissants à la télé,

soleile_vert c'est que l'égsoleil_orangeout télévisuel produit quand même,

entre deux accidents de la route et deux épisodes de tueries sadiques,

un crachin rafraichissant pour escargots survivants....

Clip escargot là

Posté par barbesse à 09:42 - Objections de croissance - Commentaires [3] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

24 mai 2009

Femme en yourte, femme en lutte.

Femme en lutte sous la yourte.

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Ceux qui mettent la honte sur les sans emplois, les rmistes, les différents bénéficiaires de prestations sociales, les emplois très précaires et partiels, en traitant ces gens de paresseux et en voulant les concentrer dans des structures répressives de travail forcé, ignorent totalement, semble t'il, que parmi ces chômeurs, les trois quarts sont des femmes isolées avec enfants.

Or si on regarde les enquêtes et statistiques internationales, on se rendra compte de deux faits:

1) que les femmes abattent largement plus de travail que les hommes, et ce n'est pas nouveau,

2) qu'elles sont beaucoup moins payées que les hommes, quand elles le sont, et constituent la majorité écrasante des pauvres du monde.

Ces mêmes suppôts du capital et de la croissance ignorent et méprisent une forme d'économie qui a permis aux peuples dépouillés par notre ethnocentrisme impérialiste de survivre à notre façon de les « aider »: il s'agit de l'économie informelle, qui n'est pas l'autre versant du libéralisme, un soi-disant alter développement, mais bien une économie sociale parallèle qui échappe aux paradigmes du progrès illimité.

Fondée sur la débrouille et le bricolage quotidien, les échanges marchands de proximité et les liens de solidarité,

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sur le don et la palabre, cette forme d'économie repose
avant tout et surtout sur le travail gratuit des femmes.

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« Ici, on est ingénieux sans être ingénieur, entreprenant sans être entrepreneur, industrieux sans être industriel» comme dit Serge Latouche en rappelant comment des Africains sur-diplômés dans nos universités occidentales échouent dans leur pays là où des femmes aux pieds nus illétrées réussissent des  affaires florissantes, enchâssées dans le tissu ménager, social et néo-clanique.

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Aujourd'hui femme de maturité, je constate objectivement que j'ai du payé très cher  la reconstruction de l'estime de soi qui conduit à l'émancipation et donc à ma liberté.

Bien que je n'ai eu que de très brèves périodes de salariat, j'ai toujours travaillé, que ça soit à la maison, en ayant élevé trois enfants,

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ou à l'extérieur dans des projets collectifs et des taches sociales. J'ai donc œuvré le plus souvent dans la gratuité domestique, la production ménagère  qui consiste à transformer soi-même bien des denrées et produits de base, ajoutant de la qualité de vie en rendant belles les choses simples du quotidien, mais aussi j'ai œuvré dans la sphère associative, dans l'expérimentation hors norme, la créativité, le travail manuel non rentable, car non mécanisé ou non concurrentiel avec les longues heures sous payées de mes pauvres sœurs du tiers monde, la fondation collective de solidarités, le bricolage, l'invention et la formation permanente sur le tas, bref une panoplie d'activités pour lesquelles je me suis donnée passionnément sans jamais compter mes efforts.

Or le constat effarant de ce jour, si je me réfère aux normes de cette société de croissance dont je ne cesse de dénoncer l'imposture, c'est que

plus j'ai travaillé, plus je me suis appauvrie.

Car si je suis objectivement pauvre matériellement, je le suis devenue.

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Par exemple, j'avais le même niveau social et universitaire que mon ex-mari, mais dépouillée par mon divorce, j'ai perdu tout ce qui aurait pu constituer stabilité et sécurité propres à se consacrer à la poursuite de l'accumulation prônée par la société capitaliste.
Séparations, ruptures, affaiblissements par des accidents de vie, des maladies, jettent inévitablement une femme isolée dans la fragilité économique.
Si en plus, on se met à réfléchir sur sa vie privée à l'aune psychanalytique, spirituelle, historique et politique, le pas est vite franchi d'accorder moins d'attention aux normes de la réussite professionnelle ou familiale, au profit d'une exigence intérieure de mise à nu de sa vérité personnelle, et de se retrouver ainsi dans la plus grande précarité matérielle.

Le mari lui est  devenu objectivement riche, bien que j'estime qu'il n'ait pas travaillé plus que moi, loin de là. Grâce à notre mariage et au fait que je sois restée à la maison, il a pu obtenir l'intégration, les avantages matériels, les propriétés foncières et immobilières dont il jouit maintenant.

Je ne l'ai jamais envié, car j'ai toujours su que mon engagement dans l'aventure de la vie ne pouvait s'enfermer entre quatre murs, et parce que le labeur de construire son bonheur en prenant les risques de se rencontrer soi-même dans une humanité authentique n'a pas de prix.
Je peux donc avancer, après avoir franchi des étapes périlleuses avec succès, en ne m'attachant pas au jugement commun qui décrète avec arrogance la validité d'une vie sur sa carrière et ses rendements extérieurs, que je n'ai jamais été aussi bien dans ma peau que maintenant. Aussi libre.

Mais il reste qu'à vingt ans, je voulais déjà prendre du large de cette société pour  créer un autre monde et qu'il m'a fallu plusieurs décennies pour réaliser mon utopie. Utopie qui s'avère n'être au fond qu'un retour au bon sens, à la simplicité et à l'intégrité.

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Il reste que pour une femme, l'exigence intérieure d'assumer un rêve de justice et de liberté est la tâche la plus engageante et la plus éprouvante qui puisse être accomplie.

Il est inutile et déplacé de chercher à quantifier ce labeur, ça serait aussi vain que de vouloir mesurer la dose d'amour dont son cœur est capable.

Il restera toujours des choses qui échapperont à la comptabilité du PIB et du PNB, des choses intrinsèquement subversives et incontrôlables, un socle imperturbable de valeurs humaines qui donneront à la vie ce goût d'aventure et d'inattendu qui fait qu'on a envie de se lever le matin:
la libération des femmes en est une composante majeure.

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Actuellement en  état d'expulsion du terrain sur lequel je suis installée avec mes yourtes depuis cinq ans, j'ai toujours l'impression de devoir sans cesse redémarrer à zéro. Accusée de squatter, trainée devant les tribunaux comme une délinquante, alors que je ne veux qu'habiter et continuer à travailler, j'ai compris que le simple fait d'exister dans l'intégrité de sa dimension humaine fait de toute femme engagée une dissidente.

De la petite fille sage et comblée

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à la femme accusée et expulsée,

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quel degré de perversion d'une société faut-il  pour en arriver à tant de méprise et d'exclusion!

Mon aventure avec le Cantoyourte est un exemple de ce à quoi doivent s'attendre les femmes qui ont quitté le joug conjugal et entamé un chemin de dépollution psychique: les hommes de pouvoir et les hommes qui n'en ont pas, qui pullulent sur la place publique ou derrière leurs volets entrouverts, ne supportent pas qu'une femme puisse leur résister

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et sont bien prompts à se liguer entre eux pour éliminer cette impertinence.

Résumé de l'histoire du Cantoyourte:

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Fabricante autodidacte de yourtes, après m'être reconvertie d'une activité d'artisane en couture d'art, j'ai obtenu un accord oral pour m'installer sur un terrain abandonné par son propriétaire, une association de réinsertion ayant déménagé. Le maire de mon village m'avait proposé un terrain en bord de rivière, qui s'est avéré impropre à mon projet, donc je l'ai prévenu de mon installation sur un terrain plus proche de mon atelier de fabrication .

En effet, il est courant qu'en milieu rural, des accords à l'amiable fondés sur des droits d'usage coutumiers se contractent pour l'occupation de terres en échange de leur entretien.

Après avoir défriché ce terrain pendant tout un hiver avec des jeunes et des habitants du quartier de mon village, le Cantoyourte a vu le jour au début de 2005, avec ses trois yourtes en patchwork, gérées par l'association Demeures Nomades.

Le camp est devenu un lieu d' animation pour le quartier, une ressource pour d'autres associations locales, un lieu d'expérimentation de la vie en plein air sous habitats modestes et légers dans un but de simplification volontaire, et un lieu de militantisme alternatif.

Suite à la liquidation de l'association propriétaire, le terrain a été revendu fin 2005 aux enchères à un cartel de marchands de biens, qui ont délibérément enfreint les réglementations, en particulier sur le droit de préemption, et profité de la cécité opportune d'un huissier qui jure n'avoir vu aucun « bâtiment » sur les parcelles expertisées pour le cahier des charges des enchères.

Bien qu'ayant obtenu la promesse d'un des marchands de biens de me revendre le terrain s'il restait inconstructible, après que le PLU en révision ait classé ce terrain en zone industrielle définitivement inconstructible, le cartel immobilier a décidé de me faire payer sa frustration spéculative en me faisant expulser, avec l'aide d'un sénateur voisin, ex maire de Bessèges, en 2008.

Poursuivie au pénal sous le chef d'accusation « d'installation en réunion sur un terrain appartenant à autrui en vue d'y habiter », j'ai été menacée de six mois de prison, confiscation des véhicules et du permis de conduire et grosse amende pécuniaire.

Mes adversaires spéculateurs et oligarques locaux ont tenté d'utiliser à mon encontre la loi de sécurité intérieure promulguée par Sarkozy en 2003, particulièrement répressive et discriminante pour purifier nos campagnes et banlieues des gitans et autres nomades « intempestifs ».

Ils ont été déboutés et j'ai été relaxée, suite à un procès retentissant qui a mobilisé de nombreuses personnes indignées, ainsi que les associations de défense du droit au logement et les organisations politiques de la gauche alternative.

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Les spéculateurs ont répliqué en m'assignant en référé expulsion au tribunal d'Alès, procédure normalement réservée aux urgences, alors que mon affaire aurait du être jugée sur le fond par une autre instance.
Ma défense remettant en cause la légalité de la vente aux enchères,  je n'avais aucune chance de gagner, puisque ces ventes sont  organisées par le microcosme corporatif  afférant à chaque tribunal de province.
Mon expulsion a donc été prononcée, mais avec un délai de quatorze mois, pour cause de santé, puisque je suis en convalescence d'un cancer.
Acculée, j'ai alors capitulé devant mes principes anti-propriétaires:
un ami m'a alors revendu à bas prix un terrain voisin totalement en friche sur lequel nous déplacerons le camp de yourtes pour y continuer nos œuvres sociales et écologiques.

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Des chantiers collectifs de défrichage et aménagements du nouveau terrain ont donc de nouveau lieu régulièrement. Il est possible d'être hébergé au Cantoyourte pendant encore une année et d'expérimenter la vie sous yourte en échange d'un peu de travail.

Nous avons demandé à la mairie de Bessèges de préempter le terrain du Cantoyourte lorsqu'il sera vendu par les marchands de bien, afin qu'il reste un espace collectif pour les gens du quartier, avec terrain de boules, bancs publics, espaces verts etc, ce qui manque cruellement à nos petits vieux qui sont obligés de se coincer entre poubelles et voitures pour prendre le frais les soirs d'été.....

Nous espérons que la lutte que nous avons mené pour faire de ce lieu une bouffée d'oxygène dans un village livré aux affres d'une reconversion difficile bénéficiera à tous.
Nous espérons que l'économie de survie que nous avons transformé en aventure de quartier, et maintenant, avec la notoriété du camp, en aventure communale et nationale, puisse continuer à montrer que le soin qu'on apporte aux endroits les plus blessés du territoire ne sont pas vains et contribuent à revaloriser toute une communauté villageoise.

En attendant, je suis frappée de constater combien les hommes qui n'aiment pas les femmes sont prompts à se liguer contre celles qui osent afficher leur liberté.

Frappée c'est le cas de le dire, puisque je viens d'être physiquement agressée par un voisin en furie qui me dénie avec une violence aveugle tout droit d'habiter là où je suis. En l'occurrence, ce monsieur très énervé, alors que je ne lui ai jamais porté tort, m'a frappé avec sa pelle de jardin en pleine figure.

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Désignée par la justice à l'ire populaire comme une féroce voleuse de terres, je fournis désormais aux pires frustrés du village la cible facile où décocher la haine accumulée d'une pauvre vie étriquée.

Mon illusion de croire naïvement que ma force de travail et mon honnêteté suffiraient à apaiser les septiques et les belliqueux est définitivement détruite. L'introduction de la loi quand la violence surgit est plus que jamais nécessaire, mais une loi qui soit au service de la vie collective et non pas au service des riches et des exploiteurs.

Les femmes sont parfaitement conscientes, dans notre beau pays de France, que leur célibat, leur divorce ou leur indépendance ne les mettra pas plus en sécurité que dans leur foyer, où déjà une sur dix se fait tabasser.
Mais lorsqu'elles quittent un compagnon violent, après un petit tour pas drôle du tout par la violence institutionnelle, et qu'elles reconstruisent leur vie sans la menace permanente du coup et du chantage, beaucoup découvrent que tôt ou tard, se passer délibérément de la protection d'un homme leur coutera encore plus cher que leur émancipation.

Si l'on devait compter le nombre de femmes mortes sous les coups d'un homme, on dépasserait largement tous les cadavres masculins produits par les guerres.

Alors je le demande, quand donc cessera cette calamité et ce barbarisme qui fait qu'aucune femme n'ose aller camper en forêt dans ce pays, ni même se promener seule à la campagne, sans un molosse?

Alors je le demande, comment sortir vivante et entière de cette guerre mortelle d'un sexe contre l'autre?

Alors je le demande, où allons-nous nous réfugier, nous, les femmes, quand le mari, l'amant, le voisin, le collègue et le patron, le juge et le gendarme, sont tous devenus plus dangereux qu'un état de guerre?

J'espère avoir démontré ici à mes sœurs qui hésitent encore sur leur style de vie que, quitte à s'en prendre plein la figure, autant que ça soit en faisant ce que notre cœur nous dicte.
Que quitte à être détestée, incomprise, accusée, traitée de sorcière ou de folle, trainée devant les tribunaux pour avoir oser exister, autant vivre comme on l'entend, autant habiter dans les murs qu'on se choisit,
des murs par lesquels on entend les oiseaux
et l'esprit souffler où il veut.

Car ce ne sont pas les pierres ni les grillages qui les entourent

qui nous gardent de la violence du monde,

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mais notre courage, notre lucidité et notre amour.

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Posté par barbesse à 09:59 - Mon combat pour le camp de yourtes - Commentaires [19] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

20 mai 2009

Qu'est ce que l'Objection de Croissance?

 QU'EST-CE QUE LA DÉCROISSANCE ?

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La décroissance remet avant tout en question notre société de consommation, car une croissance infinie est impossible dans un monde limité.

La décroissance n'est pas la décroissance de tout pour tous, ni un retour en arrière vers un pseudo bonheur perdu, mais bien un virage, une bifurcation que nous devons prendre, afin de sortir des engrenages destructeurs de la société de croissance.

La marchandisation et la concurrence effrénée d'une économie de croissance illimitée accumulent dramatiquement toutes les crises: environnementale, sociale, économique, culturelle, politique, anthropologique. Elles ont profondément fracturé non seulement les sociétés mais aussi les liens des  humains entre eux. Des milliards de personnes,  soumises à la pensée unique et aux pressions infernales du productivisme, sont sacrifiées à la croissance des pays du Nord et leur souffrance n'est plus acceptable.

Devant ce constat, il est urgent d'affirmer que l'alternative n'est pas entre

« CROISSANCE ET DÉCROISSANCE » mais entre

« DÉCROISSANCE VOLONTAIRE OU RÉCESSION SUBIE »

.

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Nous nous opposons au capitalisme car il est par nature productiviste. Il a placé l'accumulation matérielle au dessus de toutes les valeurs humaines qui fondent une société cohérente.

Nous voulons plus de liens humains que de biens matériels.

Nous sommes opposés au productivisme « de gauche », colorié au pastel écologique, car par nature tout productivisme engendre l'exploitation:
exploitation de l'homme par l'homme mais aussi exploitation des ressources naturelles de la planète entière  par l'homme.

Les luttes écologiques ne pouvant être dissociées des luttes sociales, nous ne pouvons nous retrouver dans les candidatures actuelles dont les projets ne sont pas ouvertement en rupture avec le productivisme, le nucléaire, le développement à tout prix, les stratégies politiques de coalition avec des partis réformistes.

Surtout nous pensons que

LA TRANSITION POUR CHANGER DE SOCIÉTÉ

ne se  fera pas par gestion du pouvoir en place,

mais par son affaiblissement et  notre refus de nous investir dans la course au profit, ainsi que

 PAR L'EXERCICE DE VÉRITABLES CONTRE-POUVOIRS CITOYENS,

pouvant conduire vers un effet de masse critique.

 La fonction des élus étant alors de faciliter, y compris par la loi,

                   la capacité d'autonomie du mouvement social.

LA TRANSITION SE FERA AUSSI

PAR LA CONJONCTION DES LUTTES,

L'ÉLARGISSEMENT DE L'EXPÉRIMENTATION SOCIALE

ET L'EXTENSION DES ALTERNATIVES CONCRÈTES.

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Les élections Européennes sont l'occasion d'ouvrir un débat public sur la crise structurelle à laquelle notre civilisation est confrontée.

Actuellement l'Union Européenne est une institution totalement dévouée à la société de croissance que nous dénonçons.

Instrument économique destiné à renforcer l'emprise des multinationales sur le monde, notamment par la domination sur les pays méditerranéens et d'Afrique, ses institutions, érigées et dominées par des technocrates et oligarques au pouvoir, et non par un peuple souverain et légitime, sont des lieux de dévolution à l'économie de marché.

Elles se moquent de la juste représentation démocratique des courants d'idées et des peuples.

Le parlement européen n'a pas de pouvoir  législatif, alors que cette fonction constitue la base de l'institution parlementaire. Il n'est pas responsable devant les peuples, le pouvoir réel appartenant à la commission européenne dont les membres sont nommés par les exécutifs nationaux de chaque état membre. Son mode d'élection, très coûteux, élimine les opinions s'opposant à l'ordre dominant. Ses membres sont soumis au lobbying immoral et intensif des firmes internationales.

Toute réforme des institutions européennes doit se faire à travers l'élection d'une assemblée constituante élue au suffrage universel direct proportionnel et une ratification du texte par référendum simultané dans toute l'Europe.

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Pour SORTIR DES IMPASSES GÉNÉRÉES PAR LE TECHNOSCIENTISME, le nucléaire, les OGM, les pesticides, les nanotechnologies, l'agro-alimentaire industriel , le tout-voiture  etc...

NOUS DEVONS (RE)LOCALISER L'ÉCONOMIE, et donc au préalable, sortir des traités européens et des institutions supranationales instituant le libre échange économique, des produits et des capitaux (OMC, FMI, Banque Mondiale).

L'ÉCONOMIE DOIT RÉPONDRE À NOS BESOINS

ET NON CRÉER DES DÉSIRS TOUJOURS INSATISFAITS.

Il convient de définir démocratiquement nos besoins usuels et de permettre à chacun d'y pourvoir, sans être contraint à un rapport d'aliénation et de domination.

                          Nous voulons une Europe des peuples

     fondée sur la décroissance des inégalités, du gâchis et des pollutions!

C'est pourquoi  nous proposons:

UN REVENU D'EXISTENCE GARANTI assorti à un REVENU MAXIMUM,       

écologiquement et socialement soutenable,

la légalisation de la CREATION MONETAIRE par l'État et les collectivités locales,

la GRATUITÉ des services publics et des usages reconnus socialement utiles,

ainsi que l'instauration d'une BIO-ECONOMIE de maitrise des usages par les citoyens.

 

Nous avons voulu participer à ces élections non pour nous faire élire, mais, malgré  nos modestes moyens auto-gérés, pour faire connaître pour la première fois nos propositions d'engagements dans la transformation radicale de société que les limites planétaires posent comme défi à l'humanité.         

Pour nous soutenir:

Dons à   : C.Sunt. Pallières 30140 Thoiras

               Site: www.europedecroissance.eu


pour télécharger ce tract:

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.

 

Posté par barbesse à 09:07 - Objections de croissance - Commentaires [5] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

05 mai 2009

Pour une europe en décroissance

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Quand il est clair qu'il n'est plus possible d'ignorer la catastrophe écologique, sociale et humaine engendrée par un système basé sur l'exploitation de la nature et des peuples,

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quand trop de souffrances sont accumulées par trop de gens,

quand la rigidification du capitalisme en phase finale et l'état de choc engendré par la décomposition des paradigmes qui nous ont porté pendant des décennies, ouvrent  enfin à une profonde métamorphose sociétale,

quand l'emploi n'est plus qu'une exacerbation des peurs de ne plus rien valoir,

quand le civisme n'est plus qu'un trou noir où l'on jette les gens pour les occuper à détruire la planète en sciant la branche sur laquelle ils sont assis,

bhbbbbb

quand l'intégration sociale ne fait lien que par les menottes de l'endettement et la vente de son âme aux promoteurs et aux banquiers,

quand le travail  n'est plus qu'une cage où chloroformer les symptômes réactifs de ce qui reste d' humains encore un peu sains et valides,

quand l'insertion n'est plus qu'une chasse aux évadés du système,

quand la cohésion signifie d'enfermer des bébés étrangers en centres de rétention,

quand la richesse n'est plus que la production hystérique de gadgets inutiles, corrosifs, nuisibles et aliénants,

quand la production n'est plus que le vol des ressources d'autrui et la réparation de ce qu'on a volontairement cassé,

quand l'éducation n'est plus que l'obtention effrénée, à coups d'élimination méthodique des copains, d'un loft doré plein de verroteries clinquantes, et d'un numéro de lot sur sa chemise de luxe,

ECOLE

quand on ferme des écoles et renvoie des maitres pour construire des taules et embaucher des geôliers,

quand la réussite n'est plus que l'étalement des vices,

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et la promotion, le droit d'injurier et d'escroquer le peuple sans poursuites,

quand la sagesse n'est plus que de faire passer les plus gros mensonges et manipuler l'opinion,

quand la liberté n'est plus qu'un prétexte à multiplier des choix provoquant désarroi et hébétude,

qu'un ordre à s'affranchir de toutes limites pour gagner en puissance de frappe,

qu'un droit à voter plusieurs fois pour des résultats conformes  au programme  de la pensée unique,

qu'une souris et un clavier réglant le débit du  vacarme médiatique,

que l'adulation de l'accaparement et de la prédation,

quand le plaisir n'est plus que l'addition comptable de jouissances matérielles, de soulagements immédiats,

quand la jouissance n'est plus que le paroxysme d'un sado-masochisme de masse hypocritement nommé libération des mœurs,

sarko

quand le désir n'est plus que concupiscence et enchainement,

quand la satisfaction ne passe que par l'ostentation concurrentielle,

quand la solidarité n'est plus qu'une sommation à rentrer dans le rang,

quand l'aventure se résume à prendre l'avion en souscrivant la meilleure assurance,

quand la qualité de la vie, c'est avoir un emploi du temps de ministre, un jet privé et un écran géant dans chaque pièce de sa villa,

quand tout repos, vacance, grève, maladie, enfance, vieillesse, accident, chômage n'est plus que sabotage aux cadences patriotiques,

quand la recherche, c'est trouver de nouvelles huiles d'engrenage pour les lobbies des multinationales,

quand la culture n'est plus que le bêlement des moutons,

quand la communication, c'est ne plus se toucher, ne plus se regarder,

mais s'encombrer de machines qui détraquent le climat,

quand s'informer, c'est saturer l'espace de charges électriques qui sèment la panique chez tous les êtres et espèces sensibles,

quand la cité, ce n'est plus qu'un tas de béton empilé autour des marchands,

quand la campagne, ce n'est plus qu'un dépotoir des villes,

quand cultiver son jardin, ce n'est plus que s'abonner à vie aux trafiquants de semences et de pesticides,

quand faire des enfants, ce n'est plus que réserver une place en crèche et à l'université suffisamment à l'avance,

quand se nourrir et se loger vous cloue aux croix plantées par les spéculateurs,

quand le partage, ce n'est plus que compter son argent,

et quand de tout ça, vous avez conscience,

quand de tout ça, vous en avez marre,

alors vous êtes mûrs pour rejoindre l'objection de croissance.

1mai4

Car enfin est le moment où nous, en décroissance,

ne pouvons nous taire, même et surtout si on est très occupés

à bricoler notre petite vie de simplicité choisie,

surtout en pleine crise, surtout quand tout le monde a peur,

(sauf quelques petits villages gaulois quelque part en résistance),

alors qu'il devient manifeste que rien ne va plus,

que les riches nous blufferont toujours, même à l'agonie,

en réclamant des millions pour colmater les brèches qu'ils ont eux même ouvert..

Le moment est là, où nous qui nous reconnaissons sous le nom de « décroissants » ne pouvons plus refuser les micros,

sous peine de salir notre conscience en refoulant notre part de vérité, de lucidité,

un moment où  nous avons le devoir de donner de la voix pour rallier ceux qui commencent à penser dans cette direction, non encore balisée,

une pensée née en deçà des clivages droite et gauche, riche des différents courants qui émergent du décapage de notre vision, hors des champs publicitaires, médiatiques, télévisuels,

une pensée en plein renouvellement et  réappropriation de notre imaginaire et de nos rêves,

une pensée qui débouche ou qui est issue des pratiques, des usages et des alternatives engagées partout dans le pays par des anonymes.

Alors, parce qu'on a ce rêve en nous, ce n'est pas difficile d'aller jusqu'à oser le faire entendre lors des prochaines élections de tartufferie pour l'Europe.

Quand on a suffisamment de distance pour voir comment  on se moque des européens en les faisant voter du seul scrutin vraiment démocratique, à la proportionnelle, pour un  parlement qui n'a que peu de pouvoir, ne peut que s'aligner sur les directions ultra-libérales de la commission européenne et sur des traités signés entre oligarques dans le seul but d'assurer leur domination et le pillage du Sud,

on a envie de hurler non, pas encore ça!

On a envie de donner de la voix pour le Non, envie de donner de la voix pour tous les Sans Voix qui triment et s'échinent et n'ont plus envie de  se déplacer pour un bulletin de vote qui ne changera rien.

Parce qu'aussi il y a eu, ici et là, des gens pour me reprocher mes ressources plancher et mon travail gratuit, j'ai décidé de revendiquer ouvertement un Revenu Social Garanti pour tous, pour tous les européens, pour commencer....

J'ai donc accepté d'être tête de liste d'une circonscription (grand Sud-ouest) pour ces élections européennes, sachant que la visée n'est pas du tout électoraliste, puisque nous n'imprimerons pas de bulletin de vote ni d'affiches officielles.

Il s'agit surtout de faire une campagne, entièrement auto-gérée, pour nos idées, pour la mise en valeur de nos expérimentations de terrains,

et de renforcer les contacts et les liens entre les objecteurs de croissance du pays.

Il s'agit de mettre en question radicale la notion de développement et de progrès dans une perspective anthropologique, énergétique, humaine, en dénonçant les mensonges de l'écologisme vert  et du développement durable.

pet_JLC

Pour ma part, je fonde mon discours politique sur les trois axes fondamentaux suivants, qui se greffent sur la plaquette de propositions travaillée par l'ADOC, l'association des objecteurs de croissance,  en vue du Contre-grenelle et de ces élections Européennes, qu'on peut lire là: (plaquette_proposition3_A4plie):

1) Le « revenu social garanti » décrété comme un droit humain fondamental et mis en œuvre immédiatement, « revenu minimum d'existence », ou encore « revenu d'autonomie inconditionnel », accordé à un revenu maximal autorisé. Par exemple tout ce qui dépasse trois fois le revenu moyen européen est pris pour être mutualisé en bien commun, patrimoine de la collectivité.

Réquisition des logements vides et des terres incultes et abandonnées. Attribution d'un terrain agricole gratuit à toute personne s'engageant à le cultiver en respectant  la terre.

2) La nationalisation des banques, la réappropriation  par l'État du pouvoir de création monétaire,

l'encouragement et la légalisation des monnaies locales non spéculatives, accompagnés d'une gestion du contenu des échanges.

3) Le courage d''interdire toute spéculation sur la nourriture et le logement, donc les cultures, le foncier et l'immobilier, et réquisition immédiate des terres produisant carburants ou OGM.

Orienter alors vers une agriculture vivrière biologique, de subsistance, sur les territoires, visant la diversité et l'autonomie, avec attribution prioritaire de terres agricoles aux jeunes porteurs de projets.

Créer de nouveaux zonage d'urbanisme pour des formes d'établissements humains modestes et légers  avec installations réversibles et énergies renouvelables,

logo_yourte_web allié à une politique d'urbanisation et d'aménagement du territoire basée sur une planification à long terme, avec entre autres, protection et revalorisation de l'artisanat de proximité.

 
Ces mesures phares sont de nature à changer profondément la donne économique mais aussi les rapports humains, non plus fondés dés lors sur la concurrence et la nécessité, mais sur le choix et la coopération.

Le travail est devenu pour la première fois dans l'histoire de l'humanité plus destructeur que bénéfique.

Il faut donc tout arrêter  pour réfléchir aux buts de l'activité humaine.

La planète et ses habitants ne sont plus en mesure de supporter un productivisme  effréné, basé sur l'aliénation et le muselage social par l'emploi, n'importe quel emploi, à faire n'importe quoi, le plus vite possible.

La remise en cause du travail entraine l'organisation de grands états généraux sur l'école et la recherche,  avec réforme profonde de l'éducation.
Mais aussi des États généraux de la santé et de la justice planétaire, avec planification des productions, privilégiant  l'utile et le compatible avec une répartition soutenable entre tous les habitants de la terre.

C'est pourquoi j'appelle tous ceux qui se sentent concernés par l'objection de croissance et la nécessité de vulgariser ce courant de pensée et de pratiques, à faire connaître notre participation à la campagne des prochaines élections.

Le site « Europe Décroissance »: http://www.europedecroissance.eu/

logo_ed

Chèques de soutien à la campagne à l’ordre “ADOC-France”

à envoyer à Elodie Garcia -

27 avenue Wailly - 78290 Croissy sur Seine (France)

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25 avril 2009

le Yoga de la yourte de Kevin

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Si vous croyez  que le bonheur existe,

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qu'on peut le reconnaître et même le contempler,

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si vous espérez vivre, une fois dans votre vie,

d'amour et d'eau fraiche,

dans une cabane ou une yourte la-haut sur la colline,

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avec seulement quelques perches en faisceau sur la tête

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et quelques tissus par dessus,

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si vous placez la paix, la joie et la sérénité

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en avant de toute richesse matérielle,

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si vous voulez qu'en une saison seulement

se fabrique la maison du bonheur,

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si vous êtes capable de remercier chaque fois

qu'un vœu de votre voisin s'accomplit,

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alors vous entrerez avec nous

dans le yoga de la yourte de Kevin.

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Si vous aimez les gens heureux et les anges autour d'eux,

si vous voyez, du chaos,

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des bulles de mandalas s'élever,

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et du vide, une yourte se monter, en un instant, une journée,

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si vous êtes prêts à découvrir comment un petit objet rond,

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qui se plie dans  un coffre ou une charrette,

peut orchestrer une foule en ballet symphonique,

et attribuer à chacun une loge d'étoile au firmament,

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si vous êtes prêts à vous étonner de comment

de simples morceaux de bois ramassés dans la forêt

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peuvent fonder un espace plus intense

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qu'une chapelle de pierre,

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si vous avez envie de tendre votre nuque,

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vos mains et vos reins vers le soleil,

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comme une salutation au génie créateur

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qui a ramené la yourte jusqu'à nous,

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si votre cœur s'émeut et désire ardemment

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danser entre les baguettes du grand mikado,

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où s' inventent l'harmonie collective

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et les refrains du peuple des yourtes,

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alors vous êtes entrés avec nous

dans le yoga de la yourte de Kevin.

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Si vous avez compris qu'on a pas besoin de pleurer

pour du crédit et le droit de s'endetter à vie,

seulement pour abriter sa famille,

si vous pensez qu'on a besoin de rien pour rendre grâce,

qu'une simple yourte peut largement contenir

votre joie et votre amour, vos travaux et vos aspirations,

alors oui, c'est comme ça qu'on le voit, avec vous,

c'est comme ça qu'on le veut, avec vous,

l'autre monde possible de demain,

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avec des gens qui s'aiment

et font de la place aux autres.

Posté par barbesse à 10:00 - le peuple des YURTAOISTES - Commentaires [15] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

24 avril 2009

Affrontements autour de la Yourte de la Borie

yourte_G_rard

Infos d'un coin pas loin de chez moi où ça grince fort.
Le Mercredi 22 Avril 09,
a Mairie de Saint-Jean du Gard
a provoqué le scandale
en démontant brutalement, sans sommation légale,
une yourte collective et culturelle,
posée sur un écosite reconquis
contre un projet de barrage
qui avait mobilisé toute une vallée.
Ce site faisait l'objet de négociations
entre plusieurs partenaires,
mais la mairie a préféré
le coup de force au dialogue,
la tension à l'apaisement,
provoquant les affrontements.
Il est clair que si la mairie de St Jean
prend la grave responsabilité,
de poursuivre les yourtes cevenoles en justice,
ça sera vécu comme une déclaration de guerre
contre le peuple des yourtes.
Or la mairie a publié un communiqué:
"Si malgré son caractère illégal,
la yourte venait à être remontée,
la municipalité prendrait toutes les mesures qui s'imposent".
Or la yourte a été remontée
ce samedi 25 Avril 09 au matin
par une centaine de personnes......

J'ajoute à la suite les unes des autres les infos sur cette affaire,
ce qui fait que pour lire la dernière d'actualité,
faut aller tout en bas de la page....

Le site des apiculteurs de la Borie:

Récit de la journée du mercredi 22 avril 2009
par quelques usagers de La Borie


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Nous avons participé à la manifestation de colère de mercredi. Nous
proposons un récit un peu étoffé de cette journée à St Jean-du-Gard. Nous
recroisons ici plusieurs témoignages...

En début de matinée, vers 9 heures, le mot commence à tourner que le maire de St Jean-du-Gard, dans un coup de vice et de provocation, accompagné de la police municipale et des gendarmes, est en train de démonter la yourte installée sur le terrain collectif de La Borie depuis plusieurs mois. Nous nous dépêchons de gagner l’ancien éco-site pour aller voir ce qu’ils fabriquent. En effet, en tant qu’usagers de la Borie et de sa yourte, nous voulons demander des explications et empêcher son démontage. Mais nous arrivons trop tard, la yourte est entièrement démontée et chargée dans des camions de la mairie qui reprennent le chemin de St Jean. Nous sommes assez surpris de voir un certain nombre de conseillers municipaux (parmi lesquels nous reconnaissons Jean-Jacques Lafont, Jacqueline Dumas, Jean-Pierre Broquin, Christian Lauret, Marie-Paule Nimper...) participer activement avec leur maire, Michel Anthérieu, au démontage. Les cartons nécessaires à l’isolation de la yourte sont brûlés par ces derniers. Nous apprenons par l’un des habitants du lieu, qu’un conseiller municipal prend un malin plaisir à bousculer son amie qui s’oppose au démontage de la yourte, tout en le menaçant directement devant les gendarmes de lui casser la gueule. Deux des habitants, agriculteurs, ont, depuis 4 ans, une promesse de bail de la commune propriétaire des lieux, et, devant leurs demandes à la mairie de régularisation de la situation, ils essuient déni, mépris et foutage de gueule de l’équipe municipale. Et une troisième personne y habite depuis 17 ans la maison des tilleuls. Des « squatteurs » selon le maire dans Le Midi Libre du 23 avril. Et, outre le cas de ces deux agriculteurs, un certain nombre de personnes revendiquent l’importance du fait que la Borie doit rester un lieu collectif, un peu comme les communaux d’il y a quelques décennies. Un lieu commun, où chacun est libre de venir cultiver, glaner, se reposer et profiter de la rivière, camper, ou encore proposer gratuitement des activités collectives comme des ateliers de savoirs-faire, un ciné-club, des discussions. Un lieu où chacun peut mettre en place ce qu’il souhaite, en opposition à tous les lieux où il faut payer pour discuter, s’organiser ensemble et s’entraider pour moins subir la misère... Rien de bien sorcier en fait. La mairie, dans le cadre de la communauté d’agglo du Grand Alès et en partenariat avec le douteux Max Roustan, souhaite au contraire rentabiliser cet endroit. Le dernier projet était de promouvoir l’éco-tourisme en y implantant une « pépinière d’entreprises vertes », c’est-à-dire parachever le grand zoo à ciel ouvert que deviennent les Cévennes : un paradis pour touristes où chacun d’entre-nous devra faire l’autochtone plus ou moins folklorique, entre « authentique petit village de Provence où l’on boit le pastis » et « pays des babacools écolos »... autant de stéréotypes stériles... Et l’alibi qu’ils serviront, pour nous faire avaler la pilule, est la création d’un emploi et demi à tiers-temps : super !

Revenons à cette journée du 22 avril. Écoeurés et en colère, un certain nombre d’usagers de La Borie décide d’aller à la mairie pour demander des comptes à l’équipe municipale et exiger qu’ils rendent la yourte. Les premiers arrivés découvrent la fine équipe en train de boire un apéro arrosé pour fêter leur « victoire ». Se faisant bousculer par quelques conseillers municipaux, la colère prend effectivement ceux et celles qui arrivent de La Borie : trop de mépris, trop de mauvais coups, ça s’énerve. L’apéro est renversé et la table valdingue également. Les sarcasmes fusent des deux côtés, mais chacun se retient et il n’y a pas de coups échangés. Refusant de donner toute explication, Anthérieu appelle les gendarmes et pendant ce temps-là quelques-uns ferment les accès avec des chaises et des tables pour que les bleus ne pas puissent rentrer facilement. Quelques inscriptions rageuses sont laissées sur les murs : « Yourte démontée, mairie occupée », « Nique le P.L.U. » (Plan Local d’Urbanisme), « Démonteur de yourte, on t’aura ! » Dans le feu de l’action la fameuse Marianne tombe et se brise. Une statue de plâtre qui fera couler beaucoup d’encre. La symbolique Marianne dont beaucoup oublie qu’elle n’a pour seule fonction de faire avaler les couleuvres : nouvelles lois quasi-quotidiennes, amendes, huissiers, enfermements, tabassages, radiations du rmi, licenciements, nouvelles normes contre les habitats précaires et les expulsions qui s’en suivent, etc..., alors que tout le monde a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts... On ne s’étonnera pas que Michel Anthérieu use dans les dépêches et articles/reportages, qui suivirent ce jour de colère, de toute la rhétorique politicienne très prisée en ce moment à droite comme à gauche. « Une horde de sauvages a commencé à tout casser », « la mairie saccagée » (Midi Libre, 22 avril), « une quinzaine de membres du personnels ont été molestés », « la population est choquée de voir des symboles forts de la République détruits » (AFP, 21 avril). Ce ne sont que mensonges ! Effectivement, sous le coup de la colère, ça a été virulent, ça a gueulé, ça a un peu paniqué et certains employés de la mairie, pris de surprise, ont pu avoir un peu peur au début, mais ils en plaisantaient peu après. Juste un gros ras-le-bol comme il y en a beaucoup en ce moment...

Les bleus parviennent à rentrer à trois ou quatre par un balcon sur le côté et décident d’évacuer la quinzaine de personnes encore à l’intérieur : violente charge (une conseillère municipale sera tapée par erreur !), lacrymogènes, coups de tonfas, coups de pieds... Ils parviennent à arrêter 3 personnes, dont une qui sera emmenée à l’hôpital d’Alès par les pompiers pour un bon coup de matraque dans les côtes. Une ou deux autres personnes se souviendront des coups qu’elles se sont reçues sur la tête. Les gendarmes se barricadent à l’intérieur et attachent leur trois prisonniers avec leurs menottes à la rambarde de l’escalier. A l’extérieur, les manifestants bloquent la rue, crient des slogans tels que « La Borie : collectif ! » et discutent. Il faudra noter que tout le monde décernera unanimement la palme de la personne la plus servile à un conseiller municipal dont nous tairont le nom : celui-ci passera deux bonnes heures à prendre des photos en gros plans des personnes présentes et à désigner aux gendarmes toutes les personnes à arrêter. Personne n’oubliera cette vraie balance ! Alors que les gendarmes empêchent quiconque de sortir, quelques maris d’employées de mairie arrivent furax et prennent à partie les utilisateurs de La Borie qui séquestreraient leur femmes ! Des discussions s’engagent. De manière positive souvent. Mais parfois plus difficilement avec certains habitants de St Jean qui ne comprennent pas toujours le ras-le-bol et la colère qui s’expriment. On préfère souvent un repli individuel sur ses petits problèmes : un grand nombre d’entre-nous savons qu’il est de plus en plus difficile de survivre dignement jour après jour. Salariés, intérimaires, chômeurs, jeunes de moins de 25 ans, étudiants, apprentis, retraités, chacun sait que les temps sont durs et approuvent les actions « musclées » condamnées par le gouvernement (séquestrations de patrons, blocages d’usines ou de routes...) C’est pourquoi il semble aberrant d’attendre chacun dans son coin pour se faire bouffer chacun à une sauce un peu différente. Il faut réussir à dépasser nos pseudos différences de conditions ou de cultures...

Le dénouement arrive une heure ou deux après. Les gendarmes se détendent : on apprendra peu après que le préfet ne les suit pas sur leur action et leur ordonne d’engager au plus vite des négociations. Autre fait important, à ce moment-là, se confirme le fait que le maire et une partie du conseil municipal ont pris la décision du démontage de la yourte sans même en parler aux autres adjoints : ça sent l’embrouille au prochain conseil ! Trois personnes, dont l’ancien adjoint au maire énervé par le coup de force d’Anthérieu, sont autorisées à rentrer dans la mairie pour discuter du dénouement de l’« événement » de la décennie à St Jean-du-Gard : les trois personnes arrêtées sont libérées, et la yourte est rendue à ses utilisateurs avec interdiction de la remonter avant d’hypothétiques négociations. Habitués aux oreilles sourdes et aux rendez-vous foireux, il est décidé qu’elle sera remontée samedi 25 à partir de 10 heures avec celles et ceux qui veulent. Par voie de presse, la mairie annonce qu’elle engage des poursuites pour dégradations et violences...

Nous espérons seulement que cette tentative de proposer un récit collant un peu plus à la réalité de ce qu’il s’est passé, suffira à nous sortir tous de la torpeur. À stopper les « raccourcis » volontaires du maire dans la presse et les rumeurs enflammées qui courent toujours plus vite que le souci d’une analyse réfléchie des « événements ». Et à rediscuter de tout cela de manière plus confiante et détendue... Gageons enfin qu’un réel plus grand nombre d’habitants du coin se rapproprieront librement l’espace collectif de La Borie. Car si ce faux projet de la mairie et de la communauté d’agglo échoue, ce sera une victoire pour tous. Une victoire qui appellera les suivantes...

Quelques usagers de La Borie

texte et photos avec: là

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Dépêche afp/france3 :
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NIMES, 22 avr 2009 (AFP) - 17h12
Incidents à la mairie de Saint-Jean-du-Gard: trois interpellations

Trois personnes ont été brièvement interpellées mercredi à
Saint-Jean-du-Gard à l'issue d'incidents provoqués par une centaine de
personnes qui ont investi la mairie pour protester contre le démontage
d'une yourte qu'ils occupaient sur un terrain municipal, a-t-on appris
auprès des gendarmes. Après le démontage de la yourte, sur décision
municipale, une centaine de personnes se sont dirigées vers 11H30 vers la
mairie qu'ils ont investie, bousculant et molestant le personnel et les
élus qui s'y trouvaient, soit une quinzaine de personnes, selon les
gendarmes. Certaines ont été légèrement blessées mais personne n'a été
hospitalisé, selon la même source. Un conseiller municipal de 70 ans,
bousculé, a fait un léger malaise, a précisé à l'AFP le maire PS Michel
Anthérieu. La yourte avait été installée il y a plusieurs mois sur le
terrain d'une ancienne ferme rachetée en juin 2008 par la commune, à 5 km
du bourg, a indiqué M. Anthérieu. Les occupants, regroupés dans un
collectif alternatif qui n'a pas d'existence légale selon l'élu, avaient
été invités plusieurs fois à quitter les lieux mais n'avaient pas
obtempéré. La yourte, selon le maire, n'était pas un lieu de résidence
mais un lieu festif où des projections de films étaient parfois
organisées. Mercredi, les personnes qui ont pénétré dans la mairie, se
sont aussi livrées, selon les gendarmes, à des dégradations dans des
bureaux et la salle du conseil municipal où un buste de Marianne a été
détruit et des écharpes tricolores piétinées. Du mobilier et du matériel
ont été cassés ou renversés. Des pièces ont été taguées. "Nous sommes tous
choqués et la population est catastrophée de voir des symboles forts de la
République détruits. On se pose des questions", a dit Michel Anthérieu,
lui-même atteint par des jets d'objets. Trente gendarmes ont procédé à
l'évacuation de la mairie à la mi-journée. Vers 14H30, le calme a été
rétabli. Trois personnes ont été interpellées puis remises en liberté.
Selon les gendarmes, les auteurs des dégradations étaient venus de
plusieurs communautés du Gard et de Lozère. Certains étaient cagoulés
selon le maire qui va porter plainte pour dégradations et violences.

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Midi Libre, Jeudi 23 Avril

Une yourte démontée, la mairie envahie

« On buvait notre café à l'étage quand une horde de sauvages a débarqué. Ils ont commencé à tout casser. » Hier après-midi, Michel Anthérieu, premier magistrat de Saint-Jean-du-Gard, se remettait à peine des incidents qui avaient éclaté le matin à l'intérieur de sa mairie. Récit d'une journée qui s'est heureusement bien terminée, dans le calme et sans blessé grave.

La yourte démontée. Hier en début de matinée, une délégation municipale se rend sur l'écosite de la Borie.

acceuil_la_borie Sous l'oeil des gendarmes et du maire, elle procède au démontage d'une yourte érigée sur un terrain communal, sans autorisation. Son existence est donc illégale. Cette intervention fait suite à plusieurs demandes de la commune, dans le but de savoir qui en est le propriétaire. Sans réponse, la municipalité a agi.

La yourte est inoccupée à ce moment-là, mais des squatters vivant sur les lieux repèrent l'action des autorités. Avant d'avertir, probablement, le collectif qui "exploite" la yourte. Les éléments qui la composent sont ensuite stockés dans un hangar des services techniques.

Cette yourte ne servait pas d'habitation, mais d'espace d'activités pour l'association Atypik, entre autres. « Elle abritait un ciné-club », précise Christian Sunt, membre de Halem (association des habitants de logements éphémères ou mobiles).

La mairie dégradée.
Très vite, une trentaine, puis une cinquantaine, de personnes se rassemble devant l'hôtel de ville en signe de protestation. On comptera jusqu'à une centaine de contestataires : des adhérents d'Atypik ou de Halem, de la Confédération paysanne ou d'un collectif, "Vivre en Cévennes". Très vite aussi, la manifestation dégénère. Un groupe fait irruption dans la mairie.
Les cafetières, les chaises, les bureaux, tout est renversé. La Marianne, symbole de la République, vole en éclats. « Jusqu'à présent, les rapports avec la municipalité avaient été respectueux, assure Christian Stunt. Le démontage, c'est une provocation gratuite, alors que des discussions allaient être entamées sur l'avenir de ce site avec l'agglomération du Grand-Alès. »  Les élus sont bloqués à l'intérieur, tandis que des individus taguent les locaux : "Yourte démontée, mairie occupée" ou "Ni... le Plu" (plan local d'urbanisme).

La mairie évacuée. Il faudra l'intervention de 25 gendarmes, de la communauté de brigades Anduze-Saint-Jean- du-Gard et de l'ensemble de la compagnie d'Alès – sous l'autorité du capitaine Warion - pour faire évacuer les lieux. « On a dû passer par les balcons, commentait le lieutenant Grailhe. L'usage de la force a été nécessaire pour libérer la mairie, qui a été saccagée. Nous avons retenu un instant trois personnes à l'intérieur, mais nous n'avons procédé à aucune interpellation pour ne pas envenimer les choses. » L'enquête permettra de préciser les faits et les responsabilités, puisqu'une plainte va être déposée par la commune.

Hier après-midi, le calme était revenu sur place. Et le matériel de construction de la yourte restitué au collectif, avec interdiction de la remonter à La Borie.


Midi Libre 23 Avril.

Rudes affrontements autour d'une yourte à l'écosite

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Après le démontage de la yourte, la mairie de Saint-Jean-du-Gard a été prise pour cible

La situation à l'écosite de La Borie semble s'acheminer vers un bras de fer entre la municipalité de Saint- Jean-du-Gard et les tenants de la yourte. Ces derniers ont annoncé qu'ils allaient remonter la yourte sur le site de La Borie samedi matin.
Dans la nuit, en effet, des affiches annonçant cette décision ont été collées dans le village. Des slogans contre le capital ont également été tagués sur les murs de plusieurs bâtiments. Installée sur les terrains de la municipalité, cette yourte sert depuis septembre 2008 à diverses associations, dont Atypik. Le lieu accueillait par exemple des débats comme celui sur le logement éphémère mais aussi des projections, ateliers, fêtes... « Des espaces de lutte et d'autonomie », peut-on lire sur les affiches. Alors que la mairie de Saint-Jean-du-Gard cherche depuis longtemps à faire enlever cette yourte « illégalement installée sur un terrain municipal », la situation a dégénéré mercredi.
Une situation que le personnel municipal a mal vécue. « Je sortais de mon bureau lorsqu'ils sont entrés dans la mairie », explique une secrétaire. « Je me suis interposée et ils m'ont insultée et poussée dans l'escalier. Je ne pensais pas qu'ils soient aussi agressifs », raconte la jeune femme qui ensuite a été sortie de la mairie. « Dans la rue, mon mari a été agressé en me défendant et a eu une côte fêlée et un doigt tordu. » Tout deux ont déposé plainte. Comme le maire, Michel Anthérieu, lui pour les dégâts à la mairie. « Avec le recul, je trouve inadmissible que les responsables d'associations n'aient pu tenir leurs troupes », regrette le maire. Qui s'inquiète du risque de confrontation. « Il a fallu raisonner et calmer les jeunes de Saint-Jean-du-Gard qui en ont assez de ça. Globalement, la population a très mal pris ce qui s'est passé. Elle nous soutient et elle s'interroge », explique l'élu. Qui salue l'intervention des gendarmes et déplore que les promesses des tenants de la yourte n'aient pas été tenues. « On leur a rendu la yourte et trois personnes ont été libérées en contrepartie de leur promesse de ne pas se réinstaller à La Borie », rappelle Michel Anthérieu.
Depuis la vente, en juin 2008, de La Borie par le conseil général du Gard à la commune, Saint-Jean-du-Gard a un projet « éco-touristique basé sur l'environnemental, l'éco-construction et les énergies nouvelles », précise le maire. « Ce qui suppose que le site soit libre de toute occupation . » Visiblement, les gestionnaires de la yourte ont d'autres projets.

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 A qui profite la politique de tension
Mercredi 22 avril, à 8 h du matin, le maire de Saint-Jean-du-Gard
accompagné de quelques adjoints, d'employés municipaux et  de gendarmes ,
viennent démonter et emporter la yourte installée à la Borie depuis
septembre 2008. Les premières personnes arrivées sur place réussissent à
ralentir l'opération mais pas à l'empêcher.
Après une courte assemblée générale, les utilisateurs du lieu se rendent à
la mairie pour demander des explications et  la restitution de notre
matériel. Devant l'impossibilité de dialoguer, ils occupent le bâtiment qui
subit quelques dégradations  dû à l'émotion du moment et à l'injustice
commise par cet abus de pouvoir caractérisé.
Rapidement la gendarmerie intervient, matraque, gaze, arrête trois personnes
et fait sortir les autres. Un rassemblement se forme alors devant l'édifice et
bloque la circulation. Finalement devant la mobilisation et la détermination
des manifestants, les autorités décident de relâcher les personnes
interpellées et  restituent les éléments de la yourte.
Rappelons que le site de la Borie aurait été englouti par la construction
d'un barrage, sans une forte lutte au milieu des années 80. Aujourd'hui, il
sert à diverses activités autonomes: jardins collectifs, apiculture,
poterie, chantiers divers, habitations, etc. La yourte sert habituellement
pour des projections, discussions, fêtes... libres et ouvertes à tous.
Pourquoi ce coup de force de la Mairie , pour détruire un lieu ouvert
d'activités Pourquoi un tel déploiement de violences alors que des
concertations sont enfin en cours pour définir l'avenir du site de la Borie
Pourquoi une telle provocation , alors qu'il faudrait au contraire débattre
sereinement de nos projets et de notre avenir commun
Pourquoi s'attaquer à de jeunes bénévoles, qui animent un lieu , qui doit
rester libre d'accès à la population de nos vallées
Nous espérons que cette"erreur d'appréciation" de quelques uns de nos élus
ne cachent pas la volonté de dramatiser ( criminaliser) une situation  pour
prendre prétexte à expulser ceux qui vivent et travaillent sur ce site,( et
certains depuis 15ans )
Car les paysans qui travaillent sur les terres de la Borie , aspirent à la
sécurité que leur donnerai un  bail (ce que refuse la Mairie depuis 4 ans)
et non pas de vivre  avec des intimidations permanentes.
Nous espérons qu'il ne s'agit pas d'exacerber une situation, pour se
débarrasser de ceux qui veulent que la Borie reste un lieu public , afin de
l'offrir à quelques appétits spéculatifs et touristiques ,qui désirent se
l'approprier pour en tirer de juteux profits.
Nous  espérons que nos élus aurons à coeur la préservation du bien public ,
dont ils ont la charge et non pas la propriété ; et qu'il ne s'agit pas de
basses manoeuvres pour le bénéfice de quelques nantis
les Objecteurs de Croissance ,
membres de la Coordination des réseaux de l'habitat choisi

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Midi Libre. Édition du dimanche 26 avril 2009

 La Borie. La yourte prête à être remontée sur l'écosite

RAPPEL
Mercredi, elle a été démontée par les élus de Saint-Jean-du-Gard Près d'une centaine de personnes a préparé le matériel hier afin de remonter ces jours-ci, sur le site de la Borie, la yourte, cadre d'activités d'un collectif (lire nos précédentes éditions), après le démontage effectué mercredi par des élus de Saint-Jean-du-Gard. Pour mémoire, ces derniers jugent illégale cette installation sur un terrain communal (lire par ailleurs). Hier, plusieurs membres du collectif ont bien voulu évoquer la situation à Midi Libre, mais en refusant de se laisser prendre en photo.
Ils ne comprennent pas pourquoi les élus locaux sont venus démonter leur yourte. « Il devait y avoir dans les prochains jours un cycle de réunions avec les représentants de la communauté d'agglomération du
Grand-Alès et de la municipalité. Ils devaient nous présenter leur projet (Ndlr, écotouristique, éco-construction, énergies nouvelles ). »
Les pros yourtes ont répété hier matin qu'ils n'étaient pas farouchement opposés à ce projet malgré la crainte de l'arrivée sur le site d'une sorte de "business écolo". « On pense qu'il y a de la place pour tout le monde » indique un occupant du site. Patrick Pasanau ne dit pas le contraire. Lui et sa compagne Delphine sont un couple d'agriculteurs installé sur le site avec 200 ruches, 100 ares de maraîchage et une centaine de poules pondeuses.
Depuis quatre ans, ce couple attend un bail qui ne vient pas malgré les promesses du Conseil général, ancien propriétaire, et de l'actuel : la mairie. L'artisan spécialisé dans l'énergie solaire, Michel Ménager, venu en 1992 sur le site pour s'opposer au projet de barrage, avoue de son côté qu'il avait obtenu une autorisation orale d'un élu local pour rester sur place. Il craint d'être délogé désormais après l'épisode de mercredi.
A la suite du démontage de la yourte par les élus, les membres du collectif rencontrés à La Borie se disent désormais sous tension et se demandent même si on ne les pousse pas à craquer pour mieux les décrédibiliser. « On veut nous faire passer pour des sauvages auprès de la population ! » Et les usagers de la Borie de rappeler le fait que la population locale vient volontiers se baigner dans le Gardon tout proche, pique-niquer, faire du camping léger. « Les associations d'usagers cultivent aussi des jardins collectifs, ont des serres, font du labourage à cheval. (...) Ici, c'est un lieu vivant avec des musiciens, des expositions. » Et il y a aussi les animations proposées au sein même de la désormais célèbre yourte de La Borie avec films et conférences. Il reste à savoir si les pouvoirs publics jugent aussi qu'il y a, sur les 32 ha de l'écosite, de la place pour tout le monde.

 

28 Avril 2009
St Jean du Gard – La Borie, dont acte !

On pouvait s'interroger sur les motivations de M. Antherieu, maire de St Jean du Gard et une partie de son équipe municipale à démonter une yourte collective, qui permettait depuis huit mois le déroulement d'animations diverses  (ciné-club, débats, etc.) sur l'écosite de la Borie. 

Aujourd'hui, la réponse est plus claire.

Le dernier communiqué du conseil municipal, placardé ce 25 avril sur le front de la mairie, permet d'apprendre que « l'expulsion des résidents de la Borie » (sans distinction) va se « poursuivre » afin que « la commune de St Jean du Gard devienne pleinement propriétaire de ce lieu ».

Dont acte !

Il est temps de s'inquiéter face à de telles méthodes.

Il s’agit donc d'un projet planifié de longue date pour résoudre ce qu'il est maintenant devenu commun d'appeler « le problème de la Borie ».
A quel conseil municipal a t-il été  évoqué (et voté) une telle décision ?
Quelle a été la fameuse « procédure d’expulsion » puisque personne (ni le parquet, ni la préfecture, ni les usagers de la yourte, ni les citoyens de St Jean du Gard) n'ont jamais eu la moindre information ?

La violence aurait pu être évitée.

Si la mairie était restée dans la légalité et avait entamée une concertation, la colère n’aurait jamais pris cette démesure.

Elle a très souvent été interpellée à ce sujet... sans réaction, sauf du mépris.... Nous devions même entamer un cycle de concertation initié par la communauté d’Agglo. La première réunion devait se passer la semaine suivant ce malheureux mercredi.

Mais que reproche la mairie  à cette yourte ?

Elle fut très bien accueillie par la population et également par les acteurs et actrices historiques de ce site devenu un symbole de résistance dans la région.
Elle fournissait un espace gratuit, autogéré, ouvert à qui proposait une idée pertinente pour l’animation culturelle du pays. Personne n'y vivait, l'accès était libre et sa construction avait fait l'objet d'un chantier collectif... Elle n'avait rien coûté à personne et était très utile....

Mais encore plus grave !!

La mairie affiche aujourd’hui sa volonté d’expulser d’autres résidents et usagers du lieu. C'est-à-dire un couple d'agriculteurs et un couple d'artisans en installation de matériel solaire .

- Les agriculteurs entretiennent l’espace depuis quatre ans et attendent que la mairie rentre dans la légalité en signant enfin le bail qui leur est promis depuis leur installation. La jurisprudence est pourtant claire à ce sujet et la mairie nous donne un bien mauvais exemple de gestion. Ils ont été invités à s'installer par l'ancien gestionnaire du site dans le cadre d'un projet plus vaste mais encore bien flous  à ce jour...

- Les artisans ont été invités à rester en place par l'ancien maire en échange de menus travaux d'entretien. Cela dure depuis 17 ans... Et voilà une mairie incapable de reconnaître leur bon droit. Depuis le haut de son tout nouveau mandat de six ans, elle s’arroge une légitimité de propriétaire sans tenir compte d’une histoire qui la dépasse.
De nombreux appels ont été lancés en direction des élus pour ouvrir un dialogue, mais la porte est toujours restée fermée... on peux constater que les décisions on été prises de manière unilatérale et sans respect de la démocratie participative mise en œuvre par les habitantEs qui servent l'intérêt général.

Personne n'est venu consulter ces résidents...

Mais la mairie avait bien un interlocuteur : la SCIC la Borie. Il est étrange que sa qualité de médiateur dans ce conflit soit tant remise en cause par les parties. Au regard du résultat sa crédibilité peut être mis en doute. Force est de constater que certains ont laissés pourrir la situation qui permet de donner prétexte à l'expulsion.

Quel gâchis !!!

La Borie est devenue, depuis la lutte contre le barrage, un site au visage pluriculturel où l'écologie, l'agriculture et les relations humaines sont devenues réalité. La gestion hasardeuse et très maladroite des anciens comme des nouveaux responsables risque de voir mûrir en son jardin un fruit bien amer...

Nous dénonçons l'attitude provocatrice de la mairie, qui au lieu d'apaiser les tensions, décline avec une telle rapidité ses intentions d'expulsion. Ceci alors même que la yourte était encore en réparation suite aux dégâts occasionnés par le démontage.

Nous demandons

  • que la mairie de St Jean du Gard  revienne sur ses décisions d’expulsion.

  • L’ouverture d’une table ronde entre la municipalité, les habitants, les usagers de La Borie et les associations qui les soutiennent afin de trouver par la voie de la négociation une solution de sortie à ce conflit.

  • Débattre et examiner ensemble le projet collectif en tenant compte des usagers de la Borie.

Les organisations signataires : L'association Halem, les Objecteurs de croissance, l'association « Demeures Nomades », l'association « LA BELLE CAUSE »,  le réseau « YURTAO  », le « Collectif citoyen de la haute vallée de la Cèze ».....

 

30 Mai 09: l'émission de radio Zinzine ce midi sur le démontage de 
la yourte de Laborie. Vous pouvez la télécharger ici :

http://cosmoenergie.infini.fr/son/zinzineYourteLaborie.mp3

 

Posté par barbesse à 09:09 - Territoire Cevenol - Commentaires [12] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

17 avril 2009

venir aux yourtes de Besseges en Cevennes

Pour ceux qui désirent venir au Cantoyourte,

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camp de plein air

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pour expérimenter la vie quotidienne  sous tente,

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que ce soit pour aider au débroussaillage du Cantoyourte 2

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ou pour essayer la yourte en vue d'un changement de vie,

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c'est bien sûr possible,

sachant que je ne suis pas très disponible,

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ayant beaucoup d'activités en cours.

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Venez donc en visite de préférence le WE,

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prévenez et soyez autonome sur place,

le camp s'y prête, avec un certains nombres d'usages à respecter.

Si vous avez envie de donner un coup de main

pour l'aménagement du Cantoyourte 2,

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vous pourrez dormir sous une yourte ou installer votre tente.

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Attention: je ne donne pas d'enseignement sur l'auto-construction de yourtes par oral. Ce que je transmets se trouve dans le blog Yurtao.

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Venir au Cantoyourte est une démarche d'autonomie

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où la transmission se fait par le silence, l'observation,

le retour sur soi, l'attention à l'activité simple du quotidien,

la modestie du travail manuel, la méditation.

 

Usages au Cantoyourte:

 

Situation

Le camp, comprenant trois yourtes,

une petite,

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une moyenne

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et une grande,

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établissements humains modestes et légers,

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expérimente et propose  un art de vivre différent.

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.Sa situation non isolée, en bord de village, ouvrant sur une vie de quartier, à 10 minutes d'une gare, permet à ceux qui ont abandonné la voiture de s'y rendre et de s'approvisionner facilement.

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On trouve au village un primeur et une épicerie bio, un supermarché et une station service, une bibliothèque avec des ordinateurs, des médecins,

et un marché le Jeudi.

La rivière est à 10 minutes, et le premier sentier de randonnée débouche sur le camp.

 

Fournitures actuelles du camp:

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Matelas, couvertures, coussins, armoires murales, coffres, cintres, étagères.

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Toilettes sèches,

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évier dehors, détergent bio, bassines,

lampes, radio et sono, ( alimentation électrique).

Réchaud à gaz alimenté, ustensiles de cuisine, condiments de base, tisanes, thés et cafés. Appareils de chauffage.

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Tables et chaises extérieurs, barbecue, bancs autour du foyer pour le feu extérieur.

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Pas d'eau courante: l'approvisionnement en eau communale se fait à 150 mètres avec des bidons transparents et bouteilles fournis, ou en eau de source à trois kilomètres.

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L'eau de pluie récupérée par le toit des yourtes n'est pas potable:
conservée en bidons de couleurs, elle convient pour les vaisselles et la toilette. On remplit ses bidons (en veillant à leur propreté pour ne pas souiller la réserve) en puisant dans les cuves de récupération.

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Location de draps, serviettes et linge possible, ainsi que machine à laver et vélo.

Apporter: lampe de poche, chaussons, tongs ou sabots,

histoire de rentrer et sortir facilement des yourtes,

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duvet, nécessaire de toilette.

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L'usage pour les invités, visiteurs, hébergés est d'amener son bol et son couvert, particulièrement lors des rencontres collectives et fêtes.

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Il n'y a pas de réserves alimentaires sur le camp, prévoir donc ses repas.

Il est possible de consommer thés, cafés, soupes, bols de riz dans la yourte salon qui propose l'hébergement collectif.

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On peut y consulter sur place de la documentation sur les yourtes,

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et pratiquer méditation zen et yoga,

en particulier les Lundi et Jeudi à 19H en été, 18H en hiver.

Une boite en bois peut recevoir des contributions financières pour la  bonne marche et l'entretien du camp.

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Recommandations:

Le camp est une zone sans téléphone  portable. Merci d'éteindre votre appareil.

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Les véhicules doivent être garés à 50 mètres, devant le transfo, ne pas rentrer sur le chemin de terre.

Ni chaussures ni fumeries dans les yourtes. Pas de chiens, même en laisse.

Gestion vigilante des ouvertures des yourtes et du camp.

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Rendre les yourtes utilisées propres et rangées (balayette, secouer les lirettes).

Chacun est responsable de ses déchets et de leurs recyclages, ainsi que de son approvisionnement en eau.

Pour annoncer votre venue ou réserver un séjour, veuillez prendre contact avec moi en cliquant sur « contactez l'auteur » en bas de la colonne de gauche de ce blog, soit laisser un mot dans les commentaires à la suite de cet article.

J'annoncerais les journées collectives de travaux par voie de newsletter.

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Yourternellement à vous, Sylvie.

ADRESSE:

CANTOYOURTE. La cantonade. 30160. Bessèges.

(Besseges se trouve au Nord du Gard, à 30km au Nord d'Alès, 70 km au Nord de Nimes)

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Posté par barbesse à 10:39 - Venir au Cantoyourte - Commentaires [14] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

07 avril 2009

Encore une bande de RMIstes surpris à rien foutre.

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Ceci n'est pas le chantier d'une multinationale sous-traitant des employés forestiers roumains pour défricher les parcelles d'un lotissement destinés aux riches retraités du Nord.

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Ceci n'est pas une équipe de clandestins engagés par une filiale d'EDF pour dégager les arbres sous les lignes électriques.

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Ceci n'est pas un groupe sauvage de bucherons illicites profitant de l'état de catastrophe naturelle des dernières pluies pour sortir un max de bois à l'œil.

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Ceci n'est pas une entreprise d'insertion commandée par des petits malins généreusement subventionnés pour s'occuper des pauvres, rassemblant quelques « parasites » sur une action de remotivation au travail.

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Ceci n'est pas un camp de scouts.

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Ceci n'est pas une faction de l'ultra gauche anarcho-autonome, en exercice rural organisé préparant une issue de secours derrière une ferme blokaus.

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Ceci n'est pas non plus une bande structurée d'écolos nettoyant les rivages des lieux publics pour faire leur béa annuelle sous les caméras de télé.

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Ceci n'est pas l'avant garde d'une rave partie.

Ceci n'est pas une cueillette de champignons, ni de châtaignes.

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Ceci n'est pas une escouade motivée de salariés agricoles reconvertis en valets obséquieux sur le futur golf à mille trous au milieu des Cevennes.

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Ceci n'est pas une association de randonneurs en mal de nouveaux accès.

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Ceci n'est pas une délégation de « Jeunesse et sports » préparant le terrain de la prochaine colonie de vacances en milieu naturel avec observation de chouettes et piverts.

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Ceci n'est pas un entrainement informel d'apprentis pompiers pour la prévention des feux de forêts.

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Ceci n'est pas une équipe de fonctionnaires des services techniques de la mairie de Bessèges affectés à l'entretien des chemins ruraux.

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Ni de la conservation du patrimoine protégeant les faïsses, bancels, restanques, terrasses cevenoles en péril.

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Ni de la communauté de communes, ni du « syndicat intercommunautaire à vocation multiple », ni de l'aménagement du territoire.

NON NON et NON.

Ceci est une bande de RMIstes

en train de rien foutre.

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Ceux-ci n'ont pas d'heure, pas de portable, que les cloches de l'église en bas.

Ils ne pointent pas, ne se ruent pas sur les heures supplémentaires, n'ont pas de comptes à rendre.

Ils ne font pas de bruit, malgré qu'ils sont plusieurs et parfois des enfants avec.

Ils ont commencé tranquilles après le café du matin, ils finissent tranquilles après le bout de la piste achevé.

Ils n'ont pas de chefs, pas de machines à moteur démultiplié, que des outils à mains cabossés qui leur appartiennent.

Ils n'ont pas de bleus de travail, pas de chaussures de sécurité, pas de vestiaires, que des tee shirt troués de la croix rouge.

Pas de cantine, pas de camions qui les attendent avec la gamelle, ni d'ailleurs de petite femme à la tambouille à la maison.

Ils n'ont pas de fiche de paye, pas de panier de légumes à la fin, pas une note favorable dans le contrat d'insertion, rien sur le curriculum vitae, et ça ne leur rapporte aucune rémission dans l'instruction de leur dossier ANPE.

Au contraire, ils sont toujours convoqués régulièrement à cinquante bornes pour se faire engueuler de pas trouver du travail, malgré qu'ils n'ont pas de bagnole, pas de cravates, malgré la ligne de chemin de fer en suspens pour cause de non rentabilité et les cars scolaires en grève, en panne ou en vacances.

Ils font des pauses quand ça leur chante, ils discutent en roulant leurs clops, ils refont le monde tranquillement assis sur une pierre au milieu des ronces.

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Ils bêchent, binent, ratissent, scient, tirent sur les racines, tranchent les épines, sécatorisent, se courbent en deux,  se baissent à terre, se relèvent, déplacent des pierres énormes.

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Ils ont ouvert et rendu praticable un chemin vicinal obstrué par les déchets d'un riverain indélicat, réhabilité un passage condamné,

en épargnant les violettes.

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En une journée, pépères, un Samedi, pendant que les autres sont au loto.

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Ils ne le font pas pour l'argent, pas pour obéir, pas pour le diplôme, pas pour leur bonne conscience, pas pour le bon ordre ou l'affiliation à un groupe identitaire, même pas pour l'avenir de la planète.

Ils le font parce qu'ils  en ont envie.

Ils le font parce qu'ils sont contents d'être ensemble.

Ils le font parce qu'ils ont du temps.

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Ils le font parce que ça leur fait plaisir.

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Ils sont venus chez moi d'où je suis expulsée.

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Ils m'ont proposé leur aide.

Ils n'ont pas envie que l'aventure du Cantoyourte s'arrête.

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Alors ils continuent, vers une nouvelle terre, un nouveau lieu, un peu plus loin de ceux qui n'aiment pas les voir ensemble aux yourtes

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rigoler et manger des merguez entre deux fêtes et deux coups de mains spontanés.

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Certains appellent ça des journées chinoises.

D'autres des chantiers bénévoles.

D'autres de la coopération villageoise.

Les plus mal embouchés du travail au noir.

Mais ce n'est toujours pas vraiment ça.

C'est quelque chose de nouveau.

Quelque chose peut-être aussi qu'on avait oublié et qu'on retrouve naturellement.

La liberté, l'auto-organisation, l'auto-gestion collective.

Comment des peuples sans plans et sans techniques construisent des civilisations.

La sortie de l'assistanat et la prise en main de son destin, la libération de l'attente d'un emploi imbécile,  mais aussi la prise de conscience que son histoire est chevillée à celle du voisin, là où il en est.

Que si on laisse les autres détruire ce qui nous anime et nous relie, on cède à ce qu'ils attendent que nous soyons: des loques honteuses qui méritent bien ce qui leur arrive, exilées dans un bagne vert.

Alors les voilà, mes amis, mes comparses, mes voisins:

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ils créent gratuitement une richesse inestimable.

Ils créent de la fraternité, de la solidarité, de la joie, de l'amitié.

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Ils font du bonheur et des journées magnifiques.

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Il y a ceux qui sont là, ceux qui auraient voulu être là, ceux qui seront là la prochaine fois, ceux qui ont envoyé leur soutien, leur contribution.

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Ils mutualisent ce qu'ils ont, celui qui a plus verse pour celui qui a moins, les hommes autant à la cuisine que les femmes au râteau, veillent à éloigner le vin de celui qui en abuse, à garder une gourmandise pour les enfants, ....

Ils créent un nouveau monde, un autre monde, ici et maintenant, avec chacun son pets de travers, humblement et sans grands mots, sans brevets et sans industrie, ils ne le crient pas sur les toits, ils n'attendent rien des institutions et des élections, rien qui puisse améliorer leur condition sans qu'ils y mettent la main à la pâte.

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Ils le font parce qu'ils sont sortis de la société technocrate, marchande, matérialiste, productiviste, capitaliste.

Ils le font parce qu'ils sont des belles personnes,

des vrais êtres humains  tout simplement.

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30 mars 2009

Lettre à l'homme qui m'a filmée

Quand ma petite fille a eu terminé ses brillantes études au lycée, elle a voulu partir à la capitale tenter sa chance, comme tant de jeunes provinciales attirées par le plus de possibilités d'étudier la haut que dans leur village.

Je n'étais pas d'accord, je la trouvais trop fragile, mais elle est partie conquérir,  malgré sa mère, le vaste monde.

Quelques mois plus tard, on m'a ramené mon enfant massacrée, détruite.

Je n'ai jamais su ce qui lui était arrivé. Ni le nom et le nombre des salauds qui l'ont rendu folle de douleur.

Seulement son père me l'a ramené en charpie, comme un fœtus avorté, prostrée, muette.

Je n'ai plus jamais retrouvé mon enfant comme je l'avais mise au monde, belle,  entière, intelligente, joyeuse, innocente, affectueuse, merveilleuse.

Nous avons commencé le cauchemar de dix années de souffrance extrême. Jusqu'à ce que l'indifférence, le rejet et la haine la tue, et que son meurtre soit étouffé sans autre forme de procès.

Parce qu'ils sont encore tellement nombreux ceux qui  préconisent, ou pensent en secret, qu'il faut se débarrasser de tous les abimés et les accidentés de la vie, de tous ceux dont ils ont fait des victimes et des martyrs.

De cette horreur du calvaire de ma fille, je n'en souhaite pas une miette à mon pire ennemi.

Alors, quand tu es arrivé de cette capitale, où toutes les télés du pays ne parlent jamais de ces drames intimes qui dévastent tant de familles méprisées, de cette capitale du pouvoir qui est le fief d'une justice qui n'a jamais été faite à ma fille, parce  que des policiers et un procureur ne l'ont pas jugé suffisamment intéressante, j'avais de sérieux remparts intérieurs pour ne pas te laisser rentrer dans ma vie.

Mais toi, tu es arrivé doucement de Paris avec ta caméra et ta voix chaude et rassurante, pressentant confusément qu'il y avait dans cette antre ou je me débattais avec la rage, quelque chose qui donnait lieu à réparation.

Je n'ai bien sûr pas cru un mot de ta proposition d'aide que tu as formulé au milieu de mes procès, qui semblaient avoir soulevé quand même ton indignation.

Pour moi, un journaliste parisien ne pouvait être qu'un prédateur snobinard en plus d' un complice du silence autour des assassins de ma fille.

De surcroit venant d'une chaine de télévision dont je me méfiais particulièrement pour sa rapacité capable de ridiculiser tout ce qui n'est pas rentable et trépidant, de détourner et récupérer dans la pensée unique tout ce qui s'en écarte. Et je n'ai pas la télévision.

Et puis tu es venu jusqu'aux yourtes, avec ta camera et ta voix chaude et rassurante. Du coup, j'ai quand même préféré croire que tu pouvais être utile à la cause des yourtes, d'autant que tu es l'ami d'un militant que j'estime, qui t'as envoyé vers moi.

Et j'ai accepté ce tournage comme on se sacrifie sur un autel. Me livrant en pâture aux rapaces pour que soit exhumé du grand feu médiatique un débris de la voie de la yourte. Avec la secrète espérance qu'à cette petite lueur échappée de la lucarne télévisuelle se réveillent des enfants libres.

Et tu t'es installé prés des yourtes pendant trois jours en plein hiver, avec ta caméra, ta voix chaude et rassurante.

Alors a commencé une valse où je ne sais qui conduisait, de toi l'homme qui savait ou  tu voulais aller et de moi la femme qui voulait faire accepter là ou je suis.

Mais au fil des tempos,  j'ai découvert, à ton pas qui s'emboitait au mien, que tu savais danser et que tu ne m'obligeais pas à filer plus vite que la musique, que tu n'imposais pas ta partition même si tu ne me lâchais pas.

J'ai du concéder que tu n'étais pas snob, pas autoritaire, pas imbu de toi-même, que tu me regardais d'un endroit de ton âme qui t'était personnel et pas forcement entaché d'intérêt.

Tu ne m'as pas prise seulement comme un objet de consommation qui va rapporter de l'audience et j'ai accepté de te laisser voir un peu de ma vérité.

Si je n'ai pas la télé, c'est simplement pour ne pas être envahie par le formatage de l'inconscient collectif , alourdie par le poids de la masse, et laisser de la place à mes images intérieures.

Et parce que j'aime le silence.

Et toi tu venais du lieu d'où sont produites les rumeurs, les cacophonies, les brouhahas turpitudes de la foule, les vacarmes hypnotisant qui assourdissent la plèbe, et tu voulais en rajouter avec mon histoire de silence, de désencombrement, de diminution.

Je me demandais avec un cynisme amusé comment un travailleur du bruit , un orchestrateur de la pagaille, pourrait faire voir le calme qui seul élabore une vie de singularité.

Et je t'ai obligé à me regarder ne rien faire, assise en zazen. Tu as trouvé ça beau, mais le silence risque encore trop d'être pris pour une religion réactionnaire, alors que c'est une part de ma vie aussi  importante sinon plus que la façon dont je me nourris.

J'avoue donc que pendant ces heures d'exposition à ta machine à œillère, c'est plutôt moi qui ait eu une attitude de mépris, quelque chose de plus profond et plus tenace que la confiance, me susurrant que personne ne serait jamais capable de traduire la vérité d'une vie en quelques petites minutes, que même si j'avais accepté ce plongeon dans une image sur laquelle je n'aurais aucun contrôle, je ne croyais pas du tout que si je venais à couler, le maitre nageur sauterait dans l'eau pour me tendre la main.

 

Maintenant j'ai vu le film que tu as fait sur moi, et ça a changé ma perception de toi.

Maintenant je pourrais dire, ce n'est pas moi ça.

Je pourrais dire, il a tronqué ça, il a rejeté ça, il n'a pas compris, il n'en a fait qu'à sa tête, ou pire, qu'à la tête de M6.

Mais ce n'est pas ce que je dis.

Parce que je me moque bien du genre d'images que j'ai pu donné, car je ne suis plus assez intéressée par moi-même pour me sentir blessée par une erreur de commentaire ou un choix de plan qui ne semblerait pas correspondre... à quoi.. qu'est ce que l'Ego, sinon un souffle léger qui se prend pour une montagne?

Par contre, en regardant le film, la plus grande découverte pour moi, c'est toi.

Je regarde ce film que tu as fait sur moi et c'est toi que je vois.

Et tout à coup, j'ai honte.

Honte parce que j'ai eu pendant le tournage une attitude finalement utilitariste envers toi, exactement ce que je te reprochais d'entrée sans te connaître.

Il est vrai que j'étais exténuée, il y avait quarante militants de la caravane des expulsés à recevoir au Cantoyourte , les cars qui arrivaient, les rendez vous stratégiques, le grand rush du procès....Mais ça n'excuse pas une attitude suspicieuse et retranchée que je combats quand elle s'adresse à moi

Aussi quand tu es rentré dans la yourte à 6 heures un matin, par moins sept dehors et douze dedans, que je n'avais pas réussi à dormir de la nuit et qu'en plus j'avais longtemps pleuré parce que c'était l'anniversaire de la mort de ma fille, que j'étais au pire de ma non forme, défigurée par la fatigue, que tu t'es mis à me filmer alors que je dansais et tentais de me cacher derrière mes cheveux, pour oublier que j'allais, deux heures après, affronter les juges, les avocats, les flics, les RG,  les journalistes et les militants, alors là, je l'avoue, je t'ai franchement détesté.

Mais quand je me suis vue dans ton film, après le premier choc émotionnel, ce que j'ai vu dans cette scène que tu as mis en premier, c'est toi, l'homme caché derrière sa caméra, qui as cherché et discerné de la beauté et de la joie où il y avait tant d'épuisement. C'est toi que j'ai vu, pas la femme épuisée, toi qui en as fait un moment de grâce.

Tu as pris de la matière noire de ma vie que tu as malaxé dans tes viseurs, et d'une tranche de vie  sombre et difficile, tu as fait un moment de lumière, le vestibule d'un avenir.

Et je crois que toi aussi, quand nous étions dans la forêt où je t'ai fait crapahuter sans ménagement avec ton matériel si précieux, quand après ma trouvaille de champignons, tu as voulu descendre vers la falaise, et que mon sécateur a cisaillé le fil du micro, stoppant net tous tes projets pour le reste de la journée, tu as vraiment du en avoir marre. J'étais désolée, mais je savais que quelque chose s'exprimait, comme toujours quand je ne peux le dire autrement, quelque chose que tu as compris puisque tu en as fait la fin du film, et ta plus belle image.

Alors j'ai repassé le film plusieurs fois, et à chaque fois, je te voyais mieux, je découvrais quelque chose de nouveau sur toi, je te voyais derrière ton écran, choisissant et manipulant des images de moi, avec ton idée, ta sensibilité, ton professionnalisme, ton honnêteté, et ta délicatesse. Et j'ai vu alors que tu étais un homme, pas un prédateur, pas un complice des méchants, et que tu avais justement ce qui fait qu'on est homme et femme, capables d'une vraie rencontre, une capacité d'éprouvement, un cœur.

Je ne compte pas encore les bienfaits que ton travail m'a apporté, le plus évident étant toutes ces personnes que nous avons touché, celles qui ont été saisies, qui ont sourit, qui ont senti leur poitrine se soulever, celles qui ont pleuré, qui ont offert leurs encouragements, leur enthousiasme, leurs félicitations, celles qui ont proposé leur soutien et leur aide, leur bonne volonté, celles qui ont donné leur témoignage, leur sincérité, leur complicité, qui ont demandé l'enseignement de la voie de la yourte, ces adultes qui tout à coup s'écrient: «  Alors ça existe, c'est possible! Moi aussi je peux changer de vie! » et ceux qui ont un déclic, comme une révélation, et décident de tout larguer et de transformer leurs vies, tout de suite ou demain, mais impérativement plus prés de leurs rêves, et puis ces enfants et ces jeunes qui s'exclament: «  On veut venir vivre avec toi! »

Il n'y a que toi et moi qui savons ce qui est entré dans ta boite à images, que toi et moi qui savons ce que tu as choisi de montrer, ce que tu  as sculpté pour accoucher de cette histoire qui fait sens, avec la dextérité et l'adresse d'un funambule engagé sur sa corde. Évidement je n'aurais pas sélectionné ces images là, pas ajouté ces mots là, et pourtant quand je visionne l'ensemble maintenant, je n'y changerais que quelques virgules, et quelques inexactitudes.

C'est ton œuvre, et grâce à ton œuvre, j'ai pénétré un peu le secret d'un artiste, grâce à ton œuvre, je ne retiens plus rien de l'image qui s'échappe de ma vie pour rejoindre le flux des marées médiatiques, j'abandonne mes présomptions pour suivre la trace de ta différence, réintégrant ainsi une part du monde que j'avais rejeté.

Et c'est sans doute là le plus beau cadeau de ce film:

tu m'a rappelé que les causes politiques sont vides si elles ne résultent pas de la rencontre de gens qui se regardent vraiment, s'écoutent et se respectent, que les idées qu'on a à défendre ne sont rien si elles ne sont pas portées par un cœur qui vibre, une âme qui palpite, et que la seule vraie révolution  possible, c'est celle de l'amour.

Alors merci à toi, l'homme qui m'a filmé.

Sylvie

Pour voir la vidéo du film de M6 par Régis Mardon,  clik là

Posté par barbesse à 09:57 - blogvision - Commentaires [37] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

27 mars 2009

Yourte éternelle et immortelle.

La yourte n'est pas un habitat éphémère.

C'est au contraire un habitat extraordinairement durable.

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La yourte a traversé les siècles mieux que les châteaux forts qui se sont écroulés et dont pour la plupart il ne reste que des ruines.

La yourte, elle, est toujours aussi vivante, permanente, inchangée et sans accrocs.

Elle ne s'est jamais effondrée, n'a jamais été reléguée complètement par l'humain ou l'histoire.

Elle est en train justement de connaître un regain de vitalité sociale et culturelle qu'aucune autre habitation au monde ne peut espérer.

Loin d'être une invention passagère et instable ouvrant sur un mode de vie marginal, la yourte est un repère immuable au milieu des élucubrations architecturales des temps modernes, une source sûre d'un  nouveau modèle de vie contre un imaginaire urbain anémié.

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Elle résiste à toutes les influences, toutes les civilisations, toutes les erreurs, tous les climats, et pourrait bien aujourd'hui être  le seul habitat accessible et adéquat pour plusieurs milliards d'individus  à loger sur une planète épuisée, dont nous continuons malheureusement à tarir les ressources.

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Elle est de plus très solide.

Bien conçue et bien montée, elle résiste aux tempêtes les plus violentes car elle n'offre pas de tranchants, sa rondeur fait glisser les masses d'air autour d'elle.

Là ou des toits en dur s'envolent et des murs se trouent, la yourte se pliera mais ne rompra point. C'est l'histoire du chêne et du roseau.

Son point faible en grand vent reste évidement sa non capacité à encaisser un choc violent, tel un arbre s'abattant sur elle. Un peu de bon sens permet d'échapper à cette menace en s'écartant des forêts.

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La yourte n'est pas non plus un habitat mobile.

La définition juridique de la mobilité répond à un habitat qui a conservé des roues en état de circuler, c'est à dire qui peut se déplacer immédiatement en gardant son intégrité.

La yourte n'est pas mobile mais démontable.

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Pas mobile mais transportable.

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On peut la porter sur son dos, la faire porter par des chameaux, des ânes, des chevaux, des buffles ou une remorque, mais il faut auparavant la diviser en plusieurs parties: les perches, les treillis, les ouvertures, la couronne, les feutres, les toiles et les cordages.

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Opérations maintes fois reproductibles, permettant le raccommodage et la réparation à l'infini de chaque morceau. Et ce sans outils complexes, sans techniques compliquées, sans diplômes, sans spécialisation, sans prédation sur les ressources naturelles et humaines.

C'est pourquoi elle est fondamentalement émancipatrice, désaliénante, rendant à chaque auto-constructeur sa dignité, sa cohérence et sa liberté.

Ces rotations d'éléments réparés rendent la yourte immortelle.

Si le feutre est troué, si une perche se plie, si une corde cède, tout sera pétassé ou  remplacé au prochain déplacement, sans besoin de recourir à un sous-traitant de pièces détachées éloigné et onéreux. La nature et l'artisanat des peuples sont suffisant pour  pourvoir à la pérennité de l'habitat modeste et léger.

Contrairement aux camions, caravanes et mobil-homes

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dont les matériaux industriels jetables et non renouvelables alourdissent l'empreinte écologique et la facture énergétique,

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la yourte ne sera jamais vue dans une poubelle, car, en elle, tout est recyclable et sa durée de vie est donc illimitée.

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Du temps de Gengis Khan, certaines yourtes étaient montées sur d'énormes roues en bois, qui permettaient de les trainer comme des chariots à travers la steppe, grâce à de gros attelages de bœufs.  Mais il  n'existe aujourd'hui plus un seul espace, à part peut-être la steppe mongole, pas une seule route qui puisse être traversé légalement par ce type  de structure.

Donc la yourte est et restera, tant que des législateurs tordus et malveillants ne viendront la salir en tentant de pervertir son identité intemporelle, un trésor sacré du patrimoine collectif de l'humanité,

une tente éternelle.

Elle ne supporte pas la catégorisation car elle est unique et incomparable.

C'est un mandala vivant, un soi qui fait toit,

l'archétype de la maison universelle,  troisième peau de l'homme.

Maison écologique par nature et par excellence,

elle réunit toutes les fonctions répondant

tant aux besoins relatifs primordiaux

qu'aux aspirations d'absolu.

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Elle donne travail manuel et psychique

en même temps qu'elle protège.

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Elle élabore en son sein

économie, culture, spiritualité et politique.

En elle se réalise l'adéquation parfaite du dedans et du dehors.

En ce sens, elle échappera toujours

à ceux qui veulent la cataloguer, la breveter, l'emprisonner,

la marchandiser, la corrompre, l'éradiquer.

Les humains n'ont pas le pouvoir d'éliminer l'étoile du berger.

Seulement d'empêcher les gens de lever la tête

et de se fier à elle pour retrouver leur chemin.

C'est pourquoi nous avons tant besoin  de cette boussole,

de ce symbole habité et complet

qui intègre les dimensions essentielles

du corps, de l'âme et de l'esprit.

C'est pourquoi nous avons tant besoin

de la voie de la yourte.

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Posté par barbesse à 09:00 - le TAO de la yourte - Commentaires [38] - Rétroliens [0] - Permalien [#]